Les menaces émergentes en mer : la coopération franco-ivoirienne au cœur des échanges à l’ARSTM

En marge de l’escale de la Mission Jeanne d’Arc au Port d’Abidjan, le Vice-Amiral d’Escadre Jean-François Quérat, Préfet Maritime de l’Atlantique et commandant en chef de la Marine française en Atlantique, a effectué une visite à l’Académie Régionale des Sciences et Techniques de la Mer (ARSTM) à Yopougon.

Accueilli par le Colonel-Major Karim Coulibaly, Directeur Général de l’ARSTM et le Directeur de l’ISMI, il a prononcé une conférence de haut niveau à l’Institut de Sécurité Maritime Interrégional (ISMI) sur les menaces émergentes en mer. Cette rencontre a réuni un auditoire composé de hautes autorités dont le Secrétaire Permanent du Comité interministériel pour l’Action de l’État en mer (SEPCIM/AEM), l’Attaché de Défense près l’Ambassade de France, de cadres d’institutions internationales telles que l’OMAOC et le CRESMAO, de représentants de la Marine nationale ivoirienne, des Affaires maritimes, de la Gendarmerie nationale, de la Police. Étaient également présents les étudiants du Master DSAMO de l’ARSTM, délocalisé par l’Université de Nantes à l’ISMI.

Des menaces maritimes en constante évolution
Dans son intervention, l’Amiral Quérat a mis en lumière l’évolution des menaces en mer, insistant sur le fait que cet espace, libre et non souverain, est de plus en plus exposé à diverses contestations. Il a structuré son analyse autour d’un triptyque : compétition, contestation et affrontement, expliquant comment les stratégies des puissances maritimes modifient l’équilibre dans des zones sensibles comme le Golfe de Guinée.

Il a notamment évoqué :

• La cybercriminalité maritime, avec des attaques sophistiquées visant les infrastructures portuaires et les systèmes de navigation.
• L’intelligence artificielle en mer, dont l’utilisation abusive peut perturber les opérations maritimes sécurisées.
• Les menaces sur les infrastructures sous-marines, notamment les câbles de télécommunications et les pipelines, essentiels pour l’économie mondiale.
• La piraterie et les trafics illicites, exacerbés par l’instabilité régionale.
• La pêche INN (Illicite, Non déclarée et Non réglementée), qui remet en cause la souveraineté des États côtiers.

Face à ces défis, il a souligné que seule une coopération internationale renforcée permettrait d’assurer la stabilité maritime. Il a pris pour exemple les Accords de Yaoundé, qui structurent la lutte contre l’insécurité maritime en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, ainsi que les efforts conjoints de plusieurs pays pour lutter contre la pêche INN.

Un engagement commun pour la sécurité maritime
À l’issue de la conférence, l’Amiral Quérat a visité les infrastructures de l’ARSTM et de l’ISMI en compagnie du Colonel ABE AKE Lazare, Directeur de l’ISMI, et d’autres hauts responsables. Cette visite a permis de constater les avancées réalisées dans la formation en sécurité maritime, grâce à l’appui logistique et financier de la France.

En 2024, huit formations ont été organisées par la Coopération française à l’ISMI, bénéficiant à 137 auditeurs issus des pays du Golfe de Guinée. Ces formations couvrent divers aspects de la sûreté maritime, allant de la lutte contre les trafics illicites à la gouvernance des pêches et à la gestion des sinistres en mer.

Le Colonel-Major Karim Coulibaly a profité de cette occasion pour remercier la France pour son engagement à travers l’Exercice Naval Grand African Nemo (GANO) et le Projet SIREN, qui permettent de renforcer les capacités des administrations maritimes civiles et militaires des États côtiers. Il a également plaidé pour un renforcement des formations pour une prise en compte efficiente des nouvelles menaces en mer.

Vers une coopération renforcée
Cette rencontre a permis de réaffirmer l’importance d’une coopération étroite entre la France et la Côte d’Ivoire pour la sécurisation du Golfe de Guinée. Le Vice-Amiral Quérat a insisté sur le rôle clé de l’innovation et du partage d’expertise pour anticiper et contrer les menaces émergentes afin de profiter des opportunités offertes par l’Économie bleue.

En consolidant les liens entre les institutions de formation, les forces de sécurité maritime et les partenaires internationaux, cette visite ouvre la voie à de nouvelles perspectives de coopération, confirmant ainsi la nécessité d’une approche globale et concertée pour garantir la sécurité et la sûreté des espaces maritimes africains.

SERCOM ISMI